Chaque soir, quand les calades se sont effacées devant la nuit, ils se rapprochent les uns les autres, ils se frôlent, s’inventent des histoires, s’inventent une vie.
Ils passent de mur en porte, de porte en fenêtre, colportant les derniers potins. Un voyageur au long court pose son sac. Il marche depuis cinq nuits, a parcouru six rues. C’est dire s’il a des choses à raconter. On a même des nouvelles du vieux coeur de la rue Etroite. Elles ne sont pas bonnes. Les vieilles planches bleues ont servi à faire cuire des merguez, dimanche dernier. «Il était très vieux… il est peut-être mieux là où il est… le pauvre». Peut-être.
Pourtant, on n’a pas peint le volet roulant qui l’a remplacé de ce joli bleu qui égayait la ruelle. On ne l’a pas percé d’un coeur pour laisser entrer ce rai de soleil qui venait se poser sur la table de la cuisine. C’est toute la maison qui est aveugle maintenant, elle ne peut plus compter les ombres qui passent pour s’endormir.
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